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mardi 6 mars 2018

Aujourd'hui il n'y a pas d'école


En septembre prochain mon petit garçon aura 3 ans. Le temps a vraiment filé... je me souviens encore du jour où nous avons appris que j’étais enceinte. Je me souviens de la joie, mais aussi de la peur. Et cette peur ne m’a jamais quitté. Elle ne m’empêche pas de vivre, elle ne me paralyse pas. Au contraire, cette peur m’oblige à rester en alerte, me fait questionner les schémas sociaux, me pousse à être toujours la meilleure version de moi-même et me montre combien la vie est fragile.

Vivre ici et maintenant.

Depuis que je suis devenue maman j’apprends tous les jours l’exercice de la patiente, de l’attente, du doute, de l’improvisation. Les priorités ont été réordonnées. Ma vie a gagné une nouvelle dimension. Encore enceinte il fallait penser à une autre vie que la mienne. Et le jour de sa naissance mon monde a basculé, mes repères ont été revus et ses pleurs, son odeur, sa chaleur m’ont vite fait comprendre que mon petit avait besoin de moi. Sa vie et sa survie en dépendaient de mes choix, de mes actions. C’est lourd tout ça... mais c’est aussi merveilleux !

Je suis devenue maman en tâtonnant, sans jamais être vraiment sûre de quoi que ce soit. Je n’avais, et encore aujourd’hui, que cet amour indescriptible comme guide pour m’occuper de mes enfants. Et puis il fallait continuer la vie, il fallait continuer à être tout ce que j’étais avant d’être maman : épouse, fille, sœur, belle-fille, professeur, doctorante... et encore mamãe.

Tout ça, je vois aujourd’hui avec du recul, a été vécu aussi d’une posture observatrice. La France est mon pays, mon pays de choix, le pays que j’ai adopté. C’est naturel des allers-retours culturels dans mon quotidien. C’est même impossible de ne pas être dans une telle démarche.

Mon vécu en tant que professeur (à l’Education Nationale, à l’université, dans la fonction publique) et étudiante en France additionné aux relations tissées au long de ces dernières années m’ont fait pensé que je ne voulais pas que mon garçon soit pris dans l’engrenage d’un système que j’observe qui fait plus de maux que de biens. Des personnes, des français, très proches à moi, avec une capacité affective/sociale/cognitive incroyable ne se sentent pas à la hauteur de leurs vies. Ces personnes, des personnes que j’aime bien, n’arrivent pas à se détacher d’une vision négative de soi qui, à mon avis, vient beaucoup de l’école et de la façon comme les enfants sont pris en charge par le système éducatif. A mon avis, le cartésianisme français donne place à un pragmatisme vide de sens et surtout d’affectivité. Résultat : des personnes avec une très basse estime de soi. (Je sais que ce problème n'est pas exclusivement français et je suis aussi consciente que l’école n’est pas la seule responsable non plus.)

Je vivais très mal l’idée de mettre F. à l’école pour les raisons évoquées ci-dessus. En plus, ce caractère « garderie » de l’école maternelle ne me plaît pas. Certes, aujourd’hui je fais garder mes enfants (assistante maternelle et crèche) parce que nous travaillons, mais nous savons (et là j’emplois la 1ère personne du pluriel) que la décision d’avoir des enfants nous revient à 200% et que c’est notre responsabilité aussi d’assurer leur éducation. Le système dans lequel nous vivons nous fait croire qu’il est naturel d’avoir des enfants sans que cela modifie notre vie (d’ailleurs je pense qu’une partie non négligeable de parents, soit ici soit au Brésil – les deux réalités que je connais bien – ont une vision assez troublée de ce qui représente vraiment avoir en charge la vie d’un autre être humain). Et pourtant si je voulais que rien ne change il suffirait de ne pas avoir des enfants !

Avec le délai sur ma tête pour déposer le dossier de demande d’une place à l’école et le sentiment de ne pas vouloir suivre le discours du « parce que c’est comme ça », j’ai tapé sur Google deux mots « école obligatoire ». En moins d’une seconde c’est un nouveau monde qui s’est, heureusement, ouvert à nous.
Depuis presque un peu plus d’un mois maintenant je me documente sur le sujet de « l’instruction en famille » (IEF). 

En parlant à mon mari à propos de mes inquiétudes sur l’école française et la possibilité d’une voie alternative, j’ai trouvé le soutien dont j’avais besoin pour continuer mes lectures, mes remises en questions. En fait, il m’a rejoint et même si nous avons très peur (mais elle est toujours quelque part cette peur) et beaucoup de questions, nous savons, pour l’instant, ce que nous ne voulons pas. C’est un premier pas et nous sommes très contents de le faire. Ensemble. Pour nous et surtout pour nos enfants.